Haiku

Lieux d’une bataille - "Récit" GONG Avr-Juin 2018

Sur les lieux d’une bataille Ginko au Mémorial du Linge

Récit Eléonore NICKOLAY

 

bataille du Linge
la terre pour tout linceul

Jean-Paul GALLMANN

 

Sur la crête du Linge, entre les vallées de Munster et d’Orbey, une bataille oppose du 20 juillet au 16 octobre 1915, l'Armée française à l'Armée allemande. C’est une des plus meurtrières des batailles de la Grande Guerre. Elle laisse derrière elle 17 000 morts, dont 10 000 français. C’est une des plus absurdes aussi. Recouvert de bois, de bosquets, de parois rocheuses, loin des cols et des routes importants des Vosges, le massif du Linge n’a aucune valeur stratégique

 

Guerre de positions~
Des vies de jeunes hommes
contre un mètre de plus

Evelaine LOCHU

 

Nous sommes une poignée d’haïjins avec nos amis alsaciens Christiane RANIERI et Jean-Paul GALLMAN qui organisent le premier kukaï d’Alsace à Metzeral. Une route sinueuse nous a emmenés jusqu’au musée du Mémorial du Linge qui donne accès aux sinistres vestiges d’un champ de bataille sans merci. Christiane et Jean-Paul nous y proposent un ginko. Nous sommes fin octobre. Les couleurs flamboyantes de l’automne nous font instantanément penser au sang versé sur ce lieu. Et la vue de carte postale sur la ligne bleue des Vosges contraste avec l’horreur vécue ici.  

bataille du Linge —
la ligne bleue des Vosges
à jamais souillée

Christiane RANIERI

ciel de cendre
un érable flamboie
à l’horizon

Marie-Alice MAIRE

 

meurtrières d’observation
le rouge sang
de l’automne

Eléonore NICKOLAY

 

La visite commence à l’intérieur du musée, où Christiane, l’alsacienne et Eléonore, l’allemande, nous lisent des haïkus écrits par des poilus, répertoriés par Dominique CHIPOT dans son anthologie « En plein cœur ». D’une salle à l’autre, d’une vitrine à l’autre, des armes, des munitions, des équipements, des photos, des maquettes, mais ce qui nous frappe surtout, ce sont les objets personnels, trouvés sur place, des combattants des deux camps.

musée du Linge
les pipes cassées
des combattants

Jean-Paul GALLMANN

Ni fleur ni couronne
disait-il
un éclat d'obus en héritage

Marie-Alice MAIRE

 

Mémorial
Oh la jeunesse de ces visages
à la courte carrière

Evelaine LOCHU

 


La visite se termine à l’extérieur, le long et dans les tranchés conservées. Ici et là, des croix blanches de victimes françaises et des croix noires de victimes allemandes, désormais unies dans la mort. Parmi les visiteurs de toutes générations, également des allemands : deux peuples, ennemis jurés/Erzfeinde il y a cent ans, désormais réunis dans la mémoire de leurs morts.    

 

excursion
dans la tranchée
une famille entière

Eléonore NICKOLAY

 

cheminant sur les crêtes
sur chaque pierre le récit
d’un siècle  de guerre

Christiane RANIERI

GONG N°59 Avril-Juin 2018 — page 13 et 14
AFH - Association Francophone de Haïku

Type: 

Louis Braille - "Haïbun" GONG Avr-Juin 2018

Sur les pas de Louis Braille

 

Vis tes rêves, ne rêve pas ta vie! Alors il y a des moments où il faut cesser de se répéter le même refrain et passer à l’action.Mon premier rêve étant réalisé avec la transcription braille de mon recueil “fragments de vie en trompe l’œil”, j’embarque pour le second : celui de partir sur les traces de Louis Braille
Me voilà arrivée dans cette petite bourgade rurale du nom de Coupvray, village natal de l’inventeur des six points magiques.Coïncidence, ou simple curiosité, quelque chose m’attire en ce lieu !
En bas du village, une maison briarde aux volets bleus attire mon regard.

 

Chemin des buttes* —
devant la maison de Louis Braille
mon pied trébuche

*ancien nom de la rue Louis Braille

 

Pas de chance, sa demeure natale transformée en musée est close. Je me dirige alors à l’arrière de la maison vers le petit jardin des 5 sens. Je pénètre dans un tunnel en treillis prêt à accueillir le printemps. J’imagine que rentrer sous cette pergola une fois recouverte de ses ornements, c’est comme entrer dans la nuit, dans le noir.

 

fermant les yeux
j'entre dans la lumière 
de ses ténèbres

 

Les 5 sens sont sollicités tout au long du parcours Les massifs disposés en cercles évoquent les points de l’écriture braille .Des cannes blanches piquées çà et là agrémentent les parterres un peu comme des gardiens. De l’une d’elle s’échappe un filet d’eau.

 

goutte à goutte
dans la bassine trouée —
mon ouïe en alerte

 

Un vent frais se lève. Des frissons parcourent mon dos. La mélancolie me gagne.

mon père est parti
laissant mon épaule
orpheline

 

Louis, c'est aussi le prénom de mon père qui fut blessé à l’œil droit par un coup de poing lors d’un jeu en cours de récréation .Son destin a basculé à l’âge de 4ans, (un peu comme celui de Louis Braille) puisque déjà aveugle d’un œil, il perd totalement la vue.Nous étions inséparables, j’étais ses yeux il était ma mémoire ! Oh !papa comme j’aurais aimé vivre cet instant avec toi...

 

frissons sur ma peau
effleurant l’alphabet braille
mes souvenirs s’éveillent

 

GONG N°59 Avril-Juin 2018 — page 15
AFH - Association Francophone de Haïku

 

Type: 

Acrostiche — Ecriture Collective PLOC¡ Mars 2018

Envolée
la première luciole
du vent dans ma main

Issa

Haïku acrostiche par : Monique Junchat ( MJ ) Nicolas Lemarin ( NL )
 Germain Rehlinger ( GR ) Christiane Ranieri ( CR) Josette Pellet ( JP )
Philippe Macé ( PM ) Minh-Triêt Pham ( MTP ) Salvatore Tempo ( ST )

PLOC¡ la Revue du Haïku Mars 2018 N° 72
APH - Association pour la Promotion du Haïku

Type: 
Commentaire: 

Pour ce second acrostiche dans l'esprit d'un Rensaku, trois nouveaux haïjins ce sont joints à nous et nous avons dû mettre en place un ordre de passage arbitraire afin d'éviter l'instauration d'un dialogue de complaisance entre les auteurs. La spontanéité des réponses au haïku précédent et l'image du haïku « matriciel » de Kobayashi Issa sont restés prédominants dans cet exercice, malgré quelques libertés indispensables à la fluidité festive de l'ensemble. Les quarante lettres de cet acrostiche ont été divisées en cinq séquences de huit lettres afin de respecter une alternance permettant à chacun de lire le haïku d'un auteur différent avant de rédiger le sien. Chaque participant a pu trouver une nouvelle lettre pour commencer son haïku, à l'exception de l'initiateur de l'acrostiche qui a pris à sa charge la répétition d'une même lettre.

Repas de famille - GONG Janv-Mars 2018

repas de famille —
l'odeur appétissante
des nouveaux-nés


GONG N°58  Janvier-Mars 2018 — page 49
AFH - Association Francophone de Haïku

 

Commentaire "Coup de par Marie-Alice Maire,  "Malheurs, Bonheurs":

J'aime ce haïku pour le bonheur qu'il provoque à la lecture : petits plaisirs de la table, bonheur simple en famille. Dès la 1ère ligne on est dans une ambiance famillière, sans chichi. Le haïku est bien composé et rythmé, à la fois visuel et odorant, les mots justes, simples, nous mettent l'eau à la bouche. On peut divaguer sur les bonnes recettes qui se transmettent de mère en fille... et vlan la 3ème ligne est une surprise émouvante avec cette présence de bébés ... et ce qui est étonnant c'est le pluriel très réussi. Pluriel des bébés qui pour moi évoque la famille agrandie par deux naissances rapprochées dans la famille, sans doute deux cousin(e)s.

Cette 3ème ligne nous plongedans le bonheur de la vie, ce bonheur d'être parents, puis grands-parents, ce sentiment fort que la vie est précieuse. Je m'assimile à la grand-mère et son bonheur devant les bébés. c'est sûr, elle va les "croquer" avec ses baisers.

 

Type: 

Haiku Masters of the Week1 — NHK World / Novembre 2017

 

 

NHK World's Haiku Masters  | Haiku Masters of the Week 1 | 07/11/2017

 

driveway of the cemetery
breaking the silence
a child's laught

 

 

Commentaires de Kazuko Nishimura :

Graveyards are where loved ones who have passed on go to sleep for eternity. The silence that follows the end of a life expands across the area, while the beautiful trees surrounding the graves will eventually lose their color and head to their own end. On the other hand, the sound of laughing children fills the air with life and futures of limitless potential, although the same conclusion awaits for all living things. The natural cycle of life echoes beautifully through this work, with life and death constantly pushing and pulling against each other. In addition, the way the words are placed in the middle of a fallen leaf adds a visual sense of silence to the piece.

Les cimetières sont les endroits où les êtres chers qui sont décédés vont dormir pour l'éternité. Le silence qui suit la fin d'une vie s'étend à travers les environs, tandis que les beaux arbres entourant les tombes finiront par perdre leur couleur et se diriger vers leur propre fin. D'un autre côté, le bruit des enfants qui rient remplit l'air de vie et d'avenir d'un potentiel illimité, bien que la même conclusion attende tous les êtres vivants. Le cycle naturel de la vie résonne magnifiquement à travers ce travail, avec la vie et la mort qui poussent et tirent constamment l'une contre l'autre. De plus, la façon dont les mots sont placés au milieu des feuilles tombées ajoute un sentiment visuel de silence à la composition.

 

Commentaires de Kit Pancoast Nagamura :

Fallen yellow leaves provide a kigo of late autumn, when cold winds strip trees, and sounds travel further. Both the haiku, which the author has nestled in the quiet leaves of the cemetery driveway, and the poem’s unexpected last line about laughter at a place where people arrive to pay respects or bury loved ones, are surprises that interrupt the funereal subject matter. The exact nature of the laughter—spooky, lilting, or merely remembered?—is left to the reader to decide. Less ambiguous, however, is the suggestion that from the dead, youth rises again, mirthful and full of life, unconcerned about death or the ceremonies that accompany it.

Les feuilles jaunes tombées offrent un kigo de la fin de l'automne, lorsque les vents froids déshabillent les arbres, et les sons voyagent plus loin. Tant le haïku, que l'auteur a niché dans les allées tranquilles de l'allée du cimetière, que la dernière ligne inattendue du poème sur le rire à un endroit où les gens viennent pour rendre hommage ou enterrer leurs proches, sont des surprises qui interrompent le sujet funèbre. La nature exacte du rire - fantasmagorique, mélodieux ou simplement rappelé? - est laissée à l'appréciation du  lecteur. Moins ambigue, cependant, est la suggestion que d'entre les morts, la jeunesse se lève à nouveau, joyeuse et pleine de vie, indifférente à la mort ou aux cérémonies qui l'accompagnent.

Type: 

Jane Reichhold Memorial Haiga Contest / Nov 2017

 

 

The Second Annual Jane Reichhold Memorial Haiga Contest | Photographic Haiga Division | Mention Honorable

Failed Haiku, Vol 2 issue 23

 

return to native land
recognizes me
only the mosquito

 

 

 

Commentaire du juge Linda Papanicolaou :

With a cut and a season word (mosquito is a signifier of summer), this poem could be comfortable in a haiku collection, though its sense of rueful irony equally qualifies it as senryu. I smile at the aged photo of aged photo, unswept entryway, and the narrator's realization that, as they say, you can't go home again.

Avec une césure et un mot de saison (moustique représente l'été), ce poème pourrait être confortable dans une collection de haïku, bien que son sens de l'ironie triste le qualifie également comme un  senryu. Je souris à la photo âgée, de la photo âgée, de l'entrée non-balayée, et de la réalisation du narrateur qui, comme ils disent, vous ne pouvez plus rentrer à la maison.

Type: 

Pommier - GONG Oct-Déc 2017

pommier en fleurs —
effleurant ma joue
son premier baiser


GONG N°57 Octobre-Décembre 2017 — page 38
AFH - Association Francophone de Haïku

 

Note d'Eléonore Nickolay dans Gong :

A l'appel de textes lancé dans le numéro 116 de "Sommergras" ont répondu une soixantaine d'auteurs. Il s'agissait de compléter les deux premières lignes de haikus, à savoir "pommier en fleurs" et "nuages fuyants". L'un des coups de coeur de la rédaction est le haiku de Christiane Ranieri. 

Type: 

Chrysanthemum N°22 / Octobre 2017

 

early spring —
clinging to a branch
a fledgeling

 

früher Frühling —
klammert sich an einem Ast fest
ein flügger Vogel

 

Chrysanthemum N°22 October 2017 — page 82 Foto -Haïku
Austrian Haiku Webmagazine 

heat wave —
a homeless quenches his thirst
at the cemetery tap

Hitzewelle —
ein Obdachloser löscht seinen Durst
am Friedhofswasserhahn

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chrysanthemum N°22 October 2017 — page 50
Austrian Haiku Webmagazine

Type: 

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