Louis Braille - "Haïbun" GONG Avr-Juin 2018

Sur les pas de Louis Braille

 

Vis tes rêves, ne rêve pas ta vie! Alors il y a des moments où il faut cesser de se répéter le même refrain et passer à l’action.Mon premier rêve étant réalisé avec la transcription braille de mon recueil “fragments de vie en trompe l’œil”, j’embarque pour le second : celui de partir sur les traces de Louis Braille
Me voilà arrivée dans cette petite bourgade rurale du nom de Coupvray, village natal de l’inventeur des six points magiques.Coïncidence, ou simple curiosité, quelque chose m’attire en ce lieu !
En bas du village, une maison briarde aux volets bleus attire mon regard.

 

Chemin des buttes* —
devant la maison de Louis Braille
mon pied trébuche

*ancien nom de la rue Louis Braille

 

Pas de chance, sa demeure natale transformée en musée est close. Je me dirige alors à l’arrière de la maison vers le petit jardin des 5 sens. Je pénètre dans un tunnel en treillis prêt à accueillir le printemps. J’imagine que rentrer sous cette pergola une fois recouverte de ses ornements, c’est comme entrer dans la nuit, dans le noir.

 

fermant les yeux
j'entre dans la lumière 
de ses ténèbres

 

Les 5 sens sont sollicités tout au long du parcours Les massifs disposés en cercles évoquent les points de l’écriture braille .Des cannes blanches piquées çà et là agrémentent les parterres un peu comme des gardiens. De l’une d’elle s’échappe un filet d’eau.

 

goutte à goutte
dans la bassine trouée —
mon ouïe en alerte

 

Un vent frais se lève. Des frissons parcourent mon dos. La mélancolie me gagne.

mon père est parti
laissant mon épaule
orpheline

 

Louis, c'est aussi le prénom de mon père qui fut blessé à l’œil droit par un coup de poing lors d’un jeu en cours de récréation .Son destin a basculé à l’âge de 4ans, (un peu comme celui de Louis Braille) puisque déjà aveugle d’un œil, il perd totalement la vue.Nous étions inséparables, j’étais ses yeux il était ma mémoire ! Oh !papa comme j’aurais aimé vivre cet instant avec toi...

 

frissons sur ma peau
effleurant l’alphabet braille
mes souvenirs s’éveillent

 

GONG N°59 Avril-Juin 2018 — page 15
AFH - Association Francophone de Haïku

 

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